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gamal abina
14 avril 2021

Interview de Sophia AYache sur son action en justice sur la question du Covid 19.

Bonjour Sophia, pourriez-vous nous dire qui vous êtes en quelques mots, vos fonctions passées et ce que vous faites actuellement ?

Bonjour, merci de m'avoir proposé cet échange qui permet de mettre en lumière mon combat. Je m'appelle Sophia Ayache, j'exerce en qualité de psychologue dans le domaine des risques psychosociaux, la prévention routière et j'assure également des accompagnements dans le cadre de thérapies brèves. J'ai été élue durant six années, de 2014 à 2020 en qualité d'adjointe au maire à Montpellier et les délégations qui m'ont été confiées sont la jeunesse, la vie étudiante et le handicap ; des missions que j'ai exercé avec un réel enthousiasme. 

 Pouvez-vous nous exposer ce qui vous est arrivé durant la première vague au moment où vous étiez conseillère municipale, comment vous avez contracté le coronavirus et quand vous l'avez transmis à vos parents. Quel était votre sentiment général à l'époque lorsque vous avez participé à l'organisation du premier tour pour des élections municipales de mars 2020 ? Est-ce que vous étiez en confiance quand on vous a donné les directives pour aller aux élections, et est-ce que vous mesuriez les risques que vous preniez par rapport à cette maladie qui malheureusement a emporté votre père.   
Pour ce qui est du contexte de contamination, je pense que je vais d'abord recadrer les choses sur un plan beaucoup plus général. Donc, durant le mois de mars 2020, je pense qu'il est important de resituer ce contexte là et préciser que nous avons tous été confrontés à un stress qui était généré par une nouvelle situation qui était particulièrement anxiogène et lié à cette pandémie et ce stress a été majoré par des stratégies de communication perverses émanant de l'État et qui étaient basées sur du déni, du double discours, des injonctions paradoxales du silence et cetera. 

Le maintien des élections dans un espace clos est une illustration de ces injonctions complètement paradoxales puisque, on a assisté à la fermeture des bars, des écoles et cetera. La veille, mardi ils avaient annoncé un confinement total et le dimanche, ils ont maintenu les élections, en spécifiant accessoirement que le masque ne servait à rien. Donc nous, nous avons signalé par courrier qu'il n'était pas raisonnable de maintenir les élections. Nous avons donc tiré la sonnette d'alarme, on n'a eu aucun retour. Moi pour ma part, j'ai mobilisé 20 bénévoles qui, par amitié ou par engagement se sont rendus dans les bureaux de vote avec le ventre noué, en étant très angoissés et certains ont malheureusement contracté le covid après le bureau de vote sur lequel je les avais positionné, bon pour ma part j'ai appliqué les mesures sanitaires étant adjointe à cette période-là, j'ai donc présidé un bureau de vote j'ai appliqué toutes les mesures sanitaires mais qui s'avéraient insuffisante puisqu'on était dans un espace clos, les citoyens n'avait pas de masques.
Le masque qu'on portait, le masque chirurgical protège les autres mais sans fiabilité pour soi. Il y a eu des contacts indirects, la manipulation des rideaux, des isoloirs, le toucher au niveau des surfaces et cetera et donc pour moi il s'agit clairement d'une faute et c'est au  juge effectivement et à la justice d'évaluer si cela relève du pénal mais au nom du bon sens en sachant que le deuxième tour n'aurait pas lieu, la protection des citoyens aurait dû être une priorité.

À la suite du drame, comment avez-vous vécu ces instants difficiles et qu'est-ce qui vous a conduit et motivé à entamer une action en justice contre le gouvernement. 
Pour ce qui est de ma démarche, eh bien, j'ai déposé plainte pour abstention volontaire à mettre en place les mesures permettant de combattre un sinistre et blessures involontaires et homicide involontaire, donc j'ai été entendue en Cour de Justice puisque sur 179  plaintes, 12 ont été retenues, dont la mienne et j'ai déposé plainte suite au décès de mon père et à de nombreux dysfonctionnement auxquels on a tous été confrontés.
J'ai été contaminée lors des élections, j'ai contaminé ma mère qui a été hospitalisée et sauvée grâce au protocole du professeur Raoult et puis elle a contaminé mon papa qui malheureusement est décédé le 4 avril 2020. Donc, compte tenu de ce décès mais aussi de tous les paradoxes, mensonges incohérences auxquels on a été confrontés et qui ont généré des conséquences plus ou moins lourdes pour tous les citoyens et face à l'inacceptable, je me suis questionnée et le seul moyen d'obtenir des réponses était d'avoir recours à une démarche en justice afin que la vérité soit révélée à tous les français.
Voilà ça c'est mon principal objectif. Le deuxième objectif c'est effectivement que, si les infractions supposées sont qualifiées en termes de responsabilité pénale, j'attends que les ministres puissent répondre de leurs actes et qu'ils soient sanctionnés. Qu'ils prennent aussi conscience que toutes les décisions qu'ils peuvent prendre peuvent aussi être soumises à examen au niveau de la justice et que l'on ne peut pas prendre des décisions à l'emporte-pièce, et puis j'espère que cette démarche permettra de prendre conscience et de tirer des leçons de ces défaillances sur le plan politique et puis au niveau plus large j'espère notamment une amélioration au niveau du système de santé.
 
Vous étiez engagée sur une liste citoyenne indépendamment de votre 'couleur' politique, quelles démarches avez-vous initié et quelle fut la réception face à votre plainte devant la justice. Quels ont été vos soutiens, et est-ce que vous avez eu  le sentiment d'avoir été suivie par beaucoup de gens ayant subi la même chose. Est-ce que vous avez le sentiment de 'porter' la douleur de pas mal de personnes dans votre combat et est-ce que vous espérez obtenir gain de cause dans un délai raisonnable? 
Pour finir quel espoir avez-vous concernant votre action? Qu'est ce que vous attendez par rapport à une condamnation possible des acteurs politiques dont la plupart étaient 'informés' de la situation. 
 
Donc, j'ai été reçue par la Cour de Justice au mois de janvier 2021, le magistrat qui m'a accueillie, a été très réceptif, il a décortiqué l'ensemble des éléments. Je peux vous assurer qu'ils sont déterminés à faire émerger la vérité et à identifier les éventuelles responsabilités pénales, donc je reste optimiste et confiante.
En terme d'échéance,  donc il faut prévoir une prochaine expertise médicale ensuite au mois de septembre madame Buzyn monsieur Véran et Monsieur Édouard Philippe seront entendus par la Cour de Justice et on aura une issue en fin d'année 2021
Mon combat s'actualise aussi autour d'une association. Donc j'ai créé l'association Covid-19 Montpellier, nous sommes sollicités par des personnes qui souffrent d'isolement, des personnes qui souffrent de symptômes post covid pour l'avoir vécu et séjourné plusieurs fois aux urgences et je n'avais pas pu avoir des réponses claires et j'ai dû solliciter de nombreux professionnels, des ophtalmologues,  j'ai eu une rééducation jusqu'au mois de début septembre pour pouvoir remarcher parce que j'avais perdu ma mobilité. J'ai dû rencontrer un gastro-entérologue, cardiologue, pneumologue, neurologue au service de médecine de rééducation à l'hôpital, un angiologue, enfin voilà les symptômes post covid étaient très lourds et très polymorphes, donc voilà on a ouvert une écoute pour les personnes pour les personnes qui ont besoin de soutien psychologique durant cette phase là, les personnes isolées et puis cette période génère de la souffrance à différents degrés pour des raisons de santé mais aussi pour des raisons économiques, de deuil et donc pour les plus vulnérables c'est une période qui est particulièrement agressive et donc on apporte notre aide à la fois psychologique et puis une aide concrète à travers des actions solidaires, notamment de la distribution de produits de première nécessité pour les étudiants, on réalise des maraudes auprès des SDF on distribue des masques aux SDF qui malheureusement ont été verbalisés pour non port du masque ce que je trouve scandaleux et voilà donc je continue mon combat sur le terrain à Montpellier

  En conclusion, sachant que c'est une démarche qui va durer des années, en fonction des différents recours. Qu'est-ce que vous attendez à titre personnel alors que vous avez quitté la politique, envisagez-vous un retour ?    
Pour ce qui est de mon ambition, mes projets ou mes objectifs sur le plan politique...Je n'ai pas d'objectifs politiques, j'ai une expérience de six années très enrichissantes et je me suis engagé parce que voilà, le mouvement dans lequel je me suis retrouvée qui était libre, constitué de citoyens avec une tendance à gauche et un représentant qui était Philippe Saurel qui était intègre, droit et qui partageait les mêmes valeurs que moi m'ont motivé à m'impliquer, mais compte tenu du paysage politique actuel, je n'ai pas d'objectifs à ce niveau-là.
Je suis inquiète d'un point de vue politique, je suis vraiment inquiète de la politique menée actuellement et par ces stratégies de focaliser sur des sujets je sais pas religieux et autres qui permettent d'éviter les sujets réels dont le gouvernement est responsable. Je ne comprends pas ce qui se passe au niveau des vaccins. Il y a eu certes beaucoup de thromboses mais depuis trois mois les médecins et pharmacies attendent les vaccins, je ne sais pas ce qu'il en est pour les étudiants. Les étudiants se retrouvent complètement exsangues, sans jobs étudiants.
Je sais pas, cela aurait été le minimum de leur raccorder un "RSA jeunes" cela n'aurait pas coûté très cher. En rétablissant l'ISF complet cela aurait peut-être permis de prévenir tous les suicides qu'il y a eu, de pouvoir leur permettre d'étudier dans des conditions plus confortables mais malheureusement la politique actuelle est de satisfaire les très très riches et je suis effarée par les bénéfices faramineux des milliardaires et leur maigre contribution à participer,, à pouvoir permettre aux plus vulnérables de tenir en cette période de crise.
Je me questionne sur les écoles qui restent ouvertes alors qu'on se contamine. Il était question de tests salivaires, mais apparemment il n'y a pas assez de tests donc il y aurait une sélection arbitraire de quelques écoles. Donc la situation est complètement chaotique.
Et puis ce qui m'inquiète également ce sont les hôpitaux qui ferment leurs lits et qui évoluent dans des conditions lamentables, autant les patients que le personnel. Je contacte très régulièrement le personnel qui manque cruellement de moyens humains et financiers et une toute petite revalorisation au niveau des salaires mais qui reste nettement inférieure à ce qui se pratique dans les pays voisins en Europe.
Je trouve que la politique actuelle qui est menée repose sur un déni de la réalité. Il n'y a eu aucun mea culpa, aucune remise en question. Voilà, ils préservent - je pense- l'économie au détriment de la santé publique et là, moi ce qui m'inquiète et ce qui m'insurge c'est qu'il va falloir trier dans les prochaines semaines parce que le nombre de lits a été diminué et je suis scandalisée et très inquiète pour la suite.
Propos recueillis par Gamal Abina. 

Sophia Ayache

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