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gamal abina
9 mai 2015

70 ans des massacres du 8 mai 1945 en Algérie.

Le 8 mai 1945 jour de fête jour de deuil.


Il y a aujourd'hui 70 ans, l'Europe plongée pendant 5 ans demi dans une guerre fratricide au terme de laquelle 50 millions d'individus périrent, vit la capitulation sans condition du régime nazi devant les forces alliées.

Le  8 mai 1945, huit jours après le suicide du führer, Adolf Hitler, la libération de l'Europe qui se fit en tenaille par, d'un côté les forces soviétiques et leurs partisans à l'est et de l'autre côté, à l'ouest, la coalition anglo-américaine, soutenue par les Forces Françaises Libres du Général de Gaulle.

Au sud de la méditerranée les combattants pour la France étaient constitués des soldats de l'empire colonial français : sénégalais, algériens et marocains pour l'essentiel.

A la Capitulation en 1945, en Algérie ce fut aussi une explosion de joie, faisant suite aux promesses que les colonisateurs français avaient faites aux algériens qui combattaient pour la France, de ce que les spécificités algériennes seraient reconnues et que des droits étendus leur seraient accordés si la victoire était acquise.

L'erreur des algériens ce jour-là, à Sétif, fut de croire aux promesses des autorités françaises alors qu'ils avaient défendu la "mère patrie", et de sortir un drapeau national algérien à Sétif. Le jeune scout algérien qui avait arboré ces couleurs fut abattu, ce qui déclencha des représailles de la part des populations indigènes, entraînant la mort d'une centaine de colons européens et enclenchant un processus de massacres massifs, qui dura deux mois et coûta la vie à 45 000 personnes.

Une punition collective qui rappelait les heures sombres de l'occupation nazie.

Ce massacre se fit avec l'assentiment des autorités et de l'armée sans distinction de sexe et d'âge.

Le chiffre de 45 000 morts fut retenu par les autorités consulaires américaines et révélé par un journaliste américain sur place.

Trois villes martyres, Sétif Guelma et Kherrata comprirent ce jour-là, alors que leurs hommes n'étaient toujours pas revenus du front que la barbarie n'était pas nécessairement nazie et plus encore, que l'ingratitude des colons n'était plus à démontrer.

Non seulement la France fut libérée, en grande partie par ses colonies, emmenées par le Général Leclerc, mais en guise de récompense, elle appliquait à ses colonies le traitement que les SS nazis avaient par exemple pratiqué sur le village d'Oradour-sur-Glane lors de leur retraite dans la panique.

Mais il y a une différence de taille entre les nazis et les colons ; c'est que dans un cas le massacre était la conséquence d'une panique et une volonté de vengeance sur ses ennemis, alors que dans l'autre cas s'était un maintien, sous domination par un système de terreur et de violence, d'une population algérienne considérée comme des sous-hommes.

Que doit-on tirer comme enseignement de ce 8 mai 1945 qui vit la mort de 45 000 innocents dans une punition collective aux proportions absolument ahurissantes ?

Que dire simplement de la France colonisée pendant quatre ans sous l'Occupation nazie n'ait pas compris et a refusé de comprendre les misères de sa présence coloniale vieille de 115 ans ?

Comment pouvait-elle continuer à maintenir un régime raciste et oppressif à l'endroit de peuples qui ont toujours vu leur sang couler pour elle sur tous les théâtres d'opérations européen ; contre les Prussiens, les Allemands et pour finir les nazis ?

Que doit-on tirer comme enseignement sur les pratiques barbares infligées aux populations indigènes, même pratique que les nazis infligeaient aux populations européennes slaves ?

A-t-on seulement oublié que les premiers gazages furent inaugurés par l'armée coloniale française entre 1830 et 1840 ? Dans des opérations d'enfumage de grottes, au-cours desquelles, plus d'un million d'algériens sont morts, au moment de la conquête des territoires par la France.

A-t-on oublié aussi que le Code de l'Indigénat n'avait rien à envier aux lois de Nuremberg de 1934, qui excluaient toute la population indigène de ses droits et devoirs face à l'occupant, les considérant au mieux comme des sujets au pire comme des objets ?

A-t-on oublié que tous les 10 ans une répression féroce s'abattait sur le peuple algérien quand celui-ci ne demandait qu'un semblant de dignité et de reconnaissance sur son statut d'humanité ?

A-t-on, finalement, oublié que les lois raciales décrétées par les allemands étaient depuis longtemps en vigueur dans l'empire colonial français et que personne au monde n'y trouvait rien à redire sachant que le racisme scientifique consacrait l'idée qu'il y avait des peuples supérieurs et inférieurs dans le monde ?

A-t-on oublié aussi, la parole d'Aimé Césaire qui en définitive conclut très bien sur la barbarie nazie en disant :

"L’Allemagne nazie n’a fait qu’appliquer en petit à l’Europe ce que l’Europe occidentale a appliqué pendant des siècles aux races qui eurent l’audace ou la maladresse de se trouver sur son chemin".

Nous n'oublions pas le 8 mai 1945, crime impardonnable et imprescriptible, puisque crime contre l'humanité et que de ce fait la France a un devoir de mémoire indiscutable, mais aussi et surtout un devoir de demander pardon aux victimes de ces massacres, afin de désamorcer les tensions qui restent toujours vivaces dans l'inconscient collectif algérien sur la non reconnaissance de ces faits, donc la négation de leur humanité.

Le centenaire des massacres des arméniens en Turquie, à l'époque d'une guerre contre l'Arménie, ne peut pas être commémoré par les français alors quand 30 ans plus tard ils s'autorisèrent à massacrer 45 000 personnes, en "remerciement" du soutien des tirailleurs algériens contre les nazis.

En définitive, les racines de la révolution algérienne, 9 ans plus tard, avaient été semées, le pays entrait en insurrection et devait mettre un terme à l'empire colonial inique d'une France à genoux mais toujours aussi arrogante en 1945.

Nous n'oublions pas et continuerons de souhaiter que les relations s'apaisent et qu'enfin la direction politique qui préside au devenir de la France, atteigne un degré de maturité suffisant pour faire ce geste nécessaire et obligatoire de la condamnation sans faille de la barbarie coloniale.

Gamal ABINA

Affiche 8 MAI 2015 Gamal Abina Aboulhak Abina

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