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gamal abina
23 janvier 2014

L'esclavage en question.

gamal et aboulhak abina 52 copie

L'esclavage en question.


Nous profitons de la sortie du film "Twelve Years a Slave" pour faire un rappel de ce qu'était le caractère ignoble et inhumain de la réduction d'hommes à l'état d'esclaves au motif qu'ils étaient noirs. Bien évidemment l'esclavage au sens large était une pratiques répandue dans le monde entier, pratiqué depuis la nuit des temps, et permettant de s'enrichir à bon compte sur le dos d'hommes et de femmes qui eurent le malheur d'être, ou enlevés ou vaincus, par leurs futurs propriétaires.

L'idée de marchandisation du corps et né il y a bien longtemps en revanche l'esclavage « racialisant », qui condamnait le peuple du continent africain et  plus particulièrement subsaharien, lui est un concept relativement récent.

On l'a bien compris, l'esclavage était un moyen facile de se faire de l'argent à bon compte sur le dos d'ouvriers et de paysans non payés. Ce qui est moins évident aujourd'hui, avec un discours bien huilé c'est que l'on veut pour dédouaner les idéologues de ce monstrueux système de réduction d'hommes de couleur à l'état de marchandises, diffuser la faute, la diluer vers d'autres peuples, qui certes, pour certains en profitaient mais qui, en aucun cas, en ont eu l'idée.

On accuse souvent les Arabes ou les Berbères d'avoir participé à ce commerce transatlantique extrêmement juteux : la traite négrière connue aussi sous le nom de commerce triangulaire. Il est évident que quelques tribus ou potentats locaux ont su profiter de ce système inique. Cela n'exonère pas pour autant la lourde responsabilité qui incombe à ceux qui ont eu l'idée de « racialiser » l'esclavage. Ces fameux penseurs du 18e et du 19e siècle qui ont conforté ces positions par la suite, positions selon lesquelles il y aurait une classification des races et dont le sommet serait tenu par la race blanche, dont ils étaient tous issus, et la base par la race noire inférieures et corvéable à merci.

On dit que les Arabes ont pratiqué l'esclavage ; à cela on ne peut répondre que par la positive. Oui les Arabes, comme les Grecs, les perses, les Romains, les européens dans leur ensemble et les Asiatiques pratiquaient bien l'esclavage ; mais non « racialisé ». Uniquement l'esclavage du vainqueur au vaincu ; le principe du butin de guerre était donc de mise contrairement à l'esclavage « racialisée » de type occidental qui considérait qu'un homme, en raison de sa seule couleur de peau, pouvait et devait être réduit à l’état d’esclave. Une dérive violente et facile, qui permettait de vendre des peuples entiers ; hommes, femmes et enfants pour satisfaire les besoins capitalistes d'un marché d'Europe en plein décollage économique, et qui a bénéficié évidemment de ce formidable accélérateur de création de richesses qu'étaient ces machines humaines, payées pour seul salaire par de la nourriture en quantité restreinte, tout comme on alimente une machine en énergie électrique afin qu'elles répondent à des besoins de productivité évidents.

Ce qui caractérise particulièrement cet esclavage, c'est le caractère éminemment raciste de celui-ci et l'idée d'une négation de l'appartenance à l'humanité des noirs. Les Arabes et les berbères, lorsqu'il pratiquait l'esclavage ne ciblaient pas une population en particulier. La preuve la plus évidente se matérialise par l'existence des barbaresques, qui avait conduit, à l'époque plus de 100 000 européens à l'esclavage. Il n'y avait donc pas de préférence de couleur, mais juste une approche géographique de celui qui était devenu esclave, en l'occurrence dans le cas des barbaresques les européens étaient  les plus proches et les plus perméables à cette pratique.

400 ans de traite négrière, des familles entières nées pour être esclaves, mortes esclaves, restent un crime imprescriptible et impardonnable. L'exercice qui consiste  à relativiser la faute du criminel européen, en mélangeant les type d'esclavage n'est pas recevable sur un plan intellectuel et encore moins sur celui de la justice.

Cette histoire est encore à écrire et reste encore un lourd tabou dans les sociétés occidentales qui refusent toujours de faire leur mea culpa.

Qu'en est-il aujourd'hui de l'esclavage ? Existe-t-il toujours ? C'est une question que l'on peut se poser, lorsque l'on voit à quel point l'homme et la femme, aujourd'hui sont devenus des outils de production payés au minimum syndical (par exemple la France avec le SMIC à 1000 € environ). Dans une certaine mesure cela s'assimile encore à une certaine forme esclavage, mais cette fois-ci rémunéré, tout comme la prostitution, l'ultime marchandisation du corps et l'esclavage moderne, le salariat qui a remplacé le travail paysan est lui aussi un esclavage moderne, les coups de fouet en moins, bien évidemment.

 Cette comparaison n'est en aucun cas destiné à relativiser la sauvagerie qu'était l'esclavage déclaré et officiel, mais juste un exercice de réflexion qui devrait nous conduire à nous poser des questions sur le dysfonctionnement d'une société dans laquelle il faut entre 15 et 30 ans pour espérer se payer un toit sur la tête et être moins pauvre qu'au démarrage de son existence.

Quoi qu'il en soit, la sortie du film de Steve McQueen réalisateur anglais noir fera certainement beaucoup de bien dans la relecture de l'histoire de ce terrible fléau qu'ont été ces 400 ans de traite négrière, pour les peuples d'Afrique subsaharienne. Nous saluons cette initiative formidable et espérons qu'il ne sera pas un singleton dans la production cinématographique anglo-saxonne.

 Du côté des français me direz-vous ? On se souvient d'une comédie sur l'esclavage mais pas d'un film sérieux, ce qui est bien dommage car la France se devait elles aussi, de regarder dans ses poubelles nantaises ; un passé plutôt peu glorieux, là aussi, que le pays des lumières autoproclamées ou des droits de l'homme semble encore et toujours ignorer, poussant à l'époque la logique jusqu'à réduire des territoires entiers à l'esclavage, je parle bien sûr de la colonisation.

 Et là tout le monde s'accordera à dire que les africains, subsahariens ou non ont eu le même traitement de faveur : massacres, spoliation et déportation sur des théâtres de guerre du vieux continent.

Je rends hommage à ces dizaines de millions d'hommes et de femmes qui ont subi ce crime abominable.

 

Gamal Abina

 

 

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