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gamal abina
28 janvier 2014

Nicolas Bedos dérape

gamal et aboulhak abina 57 copie

Nicolas Bedos dérape

Le fils du célèbre humoriste Guy Bedos, connu pour ses spectacles comico-politico-critiques Nicolas Bedos dérape.

Son premier dérapage a eu lieu le 5 novembre 2010 lorsqu'il exposait une critique objective et en règle de la politique israélienne, plus particulièrement de la droite dure, pour ne pas dire extrême, qui est aux affaires du pays depuis plus de 15 ans.

Nicolas Bedos pris le risque d'être catalogué antisémite, à l'époque, pour avoir eu des positions que l'on qualifierait, en France, de courageuses, ce qui déjà frise le ridicule. Le seul fait de critiquer la politique d'un État dirigé par une droite dure et extrême ne devrait pas être une posture héroïque. Car en effet il est avéré qu'Israël est dirigée par une coalition d'extrême droite, sachant que Avigdor Lieberman ministre des affaires étrangères est bien un extrémiste, dans un gouvernement israélien qui a bien fait alliance avec son parti "Israël Beitenou", pour se garantir une majorité confortable à la Knesset.

Mais bon, passons sur le fait qu'une critique de l'État d'Israël en France est devenue courageux ; même si ceci s'explique parfaitement, puisque la France a un gros problème avec son passé vichyste qui consistait à 'vendre' les juifs aux allemands. Donc aujourd'hui, cette question, quelle que soit l'approche que l'on peut en avoir, est devenue un sujet périlleux qui fait peur à toutes les élites du pays des droits de l'homme.

Tout de même, de là à ne plus pouvoir dire un mot sur une politique, largement critiquable, menée par cet état complètement isolé dans le monde aujourd'hui, en termes d'image, est non seulement ridicule mais inquiétant.

Nicolas Bedos s'était employé à l'exercice, mais il a très vite déchanté.
Lui le fils de pied-noir algérien, s'imaginait qu'il pouvait s’autoriser une plus grande liberté de ton, qu'un autre, pour faire de l'humour sur des questions aussi sensibles. Il avait juste oublié que le contexte français, avec sa spécificité historique, s'appuie dans cette thématique, sur deux populations très importantes ; l'une de confession juive regroupant 600 000 âmes, l'autre musulmane estimée à 6 millions de personnes ; deux populations dont les orientations naturelles et idéologiques sont diamétralement opposées, au sujet de la question palestinienne.

Les uns sont dans l'idée qu'il leur fallait un foyer national juif, pour fuir les persécutions d'une Europe Nazie. Belle ironie du sort quand on pense que leurs vies n'ont jamais été aussi exposées que depuis qu'ils sont installés en Palestine, alors qu'ils sont désormais en parfaite sécurité dans le reste du monde. Les autres ex-colonisés, qui ont forcément une inclinaison, naturelle en faveur du martyre du peuple de Palestine, spolié de ses terres et pourchassé, depuis la destruction du pays, à une époque où les décolonisations démarraient

Il va de soi que la chronique et qu'il avait fait à l'époque, dans l'émission de Franz-Olivier Giesbert, devant une Élisabeth Lévy, obsessionnelle compulsive sur la question israélienne, Alain Finkielkraut, lui aussi obsessionnel sur les clivages des questions raciales et ethniques et pour finir Michel Rocard ex-ennemi de Mitterrand.


Tout ce parterre de personnalités que l'on peut difficilement soupçonner de postures sionistes, bref un sketch qui fit polémique, qui s'il eut l'assentiment de la communauté musulmane et maghrébine dans son ensemble fut considéré comme une sorte de suicide médiatique pour certains autres.

Une semaine après cette chronique, le même Bedos avouait sous couvert de plaisanterie qu'il fut insulté par tous les partisans d'Israël, d'antisémite, de fasciste et j'en passe. Ceci, c'était il y a un peu plus de trois ans maintenant...

Qu'en est-il aujourd'hui ?

Après l'extinction de l'émission de F.O.G. Et un passage à vide qu'on ne peut pas directement corréler à ce sketch, il trouve aujourd'hui une nouvelle place, dans une des émissions les plus regardée du PAF ; le talk show de Laurent Ruquier : "On n'est pas couché".

Mais cette fois-ci, c'est pour tirer à boulets rouges sur Dieudonné et tous les antisémites qui feraient chemin avec lui.

Je n'entrerai pas dans le débat de savoir si Faurisson, Soral et consorts sont antisémites ou non. Je ne m'intéresserai même pas aux reproches qu'il fait à Dieudonné de flinguer le travail des humoristes en politisant son discours, ce qui a conduit à l'interdiction de son dernier spectacle "le mur". Ce que Nicolas Bedos a tôt fait de considérer comme un danger pour tous les chroniqueurs et humoristes politiques, qui pourraient être frappés de la même interdiction selon lui.

Je m'intéresserais plutôt, à la lamentable caricature du "mec" de cité perçu comme arabo-musulman et réduit à l'état de crétin congénital incapable de distinguer le juif du sioniste, le « complotisme » du révisionnisme mêlant pêle-mêle, les juifs, les sionistes les médias et les banques. Je vais donc faire un rappel simple à M. Bedos, qui reste tout de même un fils à papa favorisé dont la qualité du père n'est pas atteinte par le fils, en terme de recul et d'analyse, et qui devrait se rappeler que, lui l'immigré pied-noir, a eu la chance d'avoir un père qui put reprendre le chemin de l'Algérie sans en être inquiété et qui fut reçu avec des sourires et des fleurs.

J'ai envie de rappeler à Nicolas Bedos que la misère sociale que les quartiers difficiles vivent et plus particulièrement, ceux, qu'il a essentialisés comme étant arabo-musulmans, ne sont pas nécessairement des crétins équipés des seuls 200 mots de vocabulaire utilisé par TF1.

Ils ne sont pas nécessairement non plus des aliénés acculturés incapables de distinguer les juifs des sionistes et encore moins nécessairement, les apôtres de l'extrême-droite occidentale incarnée par Le Pen, Soral et les groupes identitaires.

Lorsqu'il fait un cliché aussi simpliste des mecs des cités, aussi frustrés que l'aurait été un jeune nazi dans une Allemagne complètement détruite économiquement et qui n'en voudrait qu'aux juif francs-maçons banquiers et médias coalisés, il se comporte exactement comme les gens qu'il veut dénoncer.

Ce sont des raccourcis caricaturaux qui engloberait les 6 millions de musulmans vivant en France et ceux-ci auraient, sans doute, trouvé un nouveau messie en la personne de Dieudonné.

La réponse qu'on peut lui apporter, c'est que la partie adverse dit la même chose des juifs ; ils seraient tous, sionistes banquiers financiers, et suivraient le les yeux fermés la politique dictée par l'État d'Israël fabriqué, rappelons-le, par la France et l'Angleterre pour se faire pardonner les crimes qu'ils ont commis contre ce même peuple sans patrie ; le peuple juif, qui fut massacré sur les terres d’Europe.

Nicolas Bedos aurait dû, s'il avait été un peu plus subtil et moins partisan, caricaturer les gens de l'extrême droite, qui sont largement nourris depuis plus d'un siècle, d'une idéologie raciste et sectaire, qui a conduit à plus de 70 millions de morts en Europe au cours de deux guerres mondiales perpétrées à 20 ans d'intervalle plutôt que de caricaturer un faible et souvent pauvre fils d immigré nord-africain, cliché des médias. La caricature de quelqu'un de plus fourbe et fort, dont le vocabulaire est parfaitement maîtrisé, aurait été la bienvenue.

A l'avenir, osez ce courage et tapez aussi fort sur l'extrême droite, complice de la gauche et de la droite française, qui ont tout fait pour la porter à des sommets politiques jamais imaginés depuis 70 ans. Là, les critiques auraient été nettement plus pertinentes et moins faciles.

Gamal Abina

 

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