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gamal abina
8 mai 2020

8 mai 1945 : Deux histoires, une rupture.

8 MAI 2020 Aboulhak Abina

8 mai 1945 : Deux histoires, une rupture.  

À l'occasion des célébrations des festivités mettant fin à la Seconde Guerre mondiale, aujourd'hui le 8 mai 2020, cela fera 75 ans que l'Allemagne nazie a fini par capituler. 

Les forces coalisées, russes, anglaises étasunienne ainsi que les troupes indigènes, de l'Empire Colonial Français et britanniques, ont réussi à mettre à terre la Wehrmacht Allemande du troisième Reich et sa doctrine nazie, qui était destinée à dominer le monde pour mille ans. 

De tous les systèmes politiques, celui qui fit le plus figure de monstruosité démoniaque incarnée, est bien celui fondé par Adolf Hitler et son parti politique le NSDAP (Parti National-Socialiste des travailleurs allemand) plus simplement appelé parti nazi. 

L'idéologie nazie se voulait une contre-révolution française. Comme le déclara Joseph Goebbels, dans un discours radiophonique prononcé le 1 Avril 1933, "Nous avons effacé l'année 1789 de l'histoire allemande", une contre révolution d’un pays ennemi et honni.  

Ce que contestaient les nazis à ce moment-là, c'était le principe des droits universels de l’homme et du citoyen ; l'idée de l'égalitarisme mais surtout, les principes d'une révolution démocratique pour tous. 

Les nationaux socialistes, avaient inventé le concept de race aryenne ; une race blanche qui aurait été supérieure à d'autres races blanches et bien supérieure encore, aux races traditionnellement dominées indigènes. 

Des blancs supérieurs à des blancs, ou la quintessence du racisme qui se traduira par une colonisation à l'est prenant la forme d'une guerre d'extermination, par la concentration dans des camps, de populations considérées comme étant au mieux inférieures "untermenschen" (sous-hommes) ; ou au pire non-humaines considérées comme des bacilles dans le cas des juifs.  

Une chose est certaine, avec la remise en question des principes universels des droits de l'homme, les principes de l'homme au centre de l'univers, mais surtout de la contestation du système d'égalité des races, les nazis consacrent le dogme de domination d'un peuple sur un autre, d’une civilisation supérieure face à des civilisations rétrogrades ou inférieures, et de pousser à l'extrême les concepts racistes et eugénistes, nés du racisme scientifique du siècle du naturalisme précédent. 

C'est donc une contre révolution, qui portera Hitler au pouvoir le 30 janvier 1933. Contre révolution qui sera abattue par une coalition internationale le 8 mai 1945. 

En détruisant l'Allemagne et ses concepts racistes, les coalisés français et anglais n'imaginaient pas que le 8 mai marquerait le début de la fin de leur empire colonial raciste. 

Tout comme les nazis avaient considéré les Slaves comme étant des sous-hommes, corvéables à merci, qui vivaient sur des pays dont les richesses devaient revenir au Grand Reich, les Français et les Anglais, pour une période qui durera nettement plus longtemps appliqueront la même méthode, à l'endroit des pays asiatiques et africains dominés par la barbarie coloniale. 

Massacres récurrents de masse, pillages des richesses, déportation des populations, établissement de camps de concentration, qui, Dieu merci, n'iront pas au niveau des camps d'extermination. 

Mais les principes de la Révolution française sur les territoires colonisés ne devaient jamais s'appliquer. 

Les lumières ne brilleraient pas jusqu’en Afrique ou en Asie.  

Quoi qu'il en soit, c'est bien le 8 mai 1945, jour de la capitulation, que trois villes en Algérie célébrant, comme le reste du monde la fin de la barbarie nazie, Sétif et Guelma et Kherrata, subiront à leur tour, un nouveau massacre. Une forme de remerciement ironique de la part des colons, pour le concours déterminant donné par les forces indigènes pour libérer la mère patrie, de ces mêmes colons. 

Après avoir versé leur sang dans les batailles de Monte Cassino, en Sardaigne dans le sud de la France et parfois même, jusqu'aux confins de l'Europe centrale, ces mêmes combattants algériens de retour chez eux, découvriront l'ampleur des massacres du 8 Mai 1945. 

Jour de joie pour les uns, jour de deuil pour les autres. 

Cela sera surtout le point de départ d'une Révolution algérienne que l'on croirait démarrer le 1er novembre 54, mais qui en réalité naîtra dans l’esprit de ces combattants le jour de la capitulation allemande. Il était devenu clair que l’on ne pouvait plus négocier avec ce système criminel et raciste.  

Bien évidemment, aujourd'hui encore, l'ancienne puissance tutélaire coloniale française n'a toujours pas reconnu ces crimes. La France ne reconnaît toujours pas sa responsabilité sur les 45 000 personnes tuées (chiffres donnés par l'ambassade américaine) durant un massacre qui aura duré deux mois. 

La France, n’a toujours pas reconnu l'assassinat de ce jeune scout algérien, dont le seul crime avait été de sortir un drapeau, frappé d’un croissant et d’une étoile Rouge sur un fond vert et blanc. 

L'assassinat sera très mal venu, au moment où les Algériens payaient déjà, comme la plupart des troupes colonisées, un très lourd tribut pour combattre en lieu et place des Européens de souche française. 

C'est donc bien à ce moment-là que les pères de la Révolution algérienne ont compris que la seule possibilité de sortir de la barbarie coloniale passerait nécessairement par les armes. Ils s'engagèrent dans un combat asymétrique contre la 4 ème puissance militaire mondiale membre de l'OTAN, face à des paysans armés de fusils de chasse. 

Un combat de David contre Goliath, qui déjà dans un autre lieu, en d’autre temps, avait été remporté par le grand Abdelkrim el-Khattabi face aux forces d'occupation espagnoles, au Maroc dans le Rif dans le Rif oriental. 

Il y avait donc un espoir de vaincre le colosse aux pieds d'argile, qui s'est effondré devant les nazis une première fois.  

Dans toute cette histoire finalement, l'ironie du sort, c'est que le régime le plus raciste et ouvertement inégalitaire, le régime nazi est à l'origine de la chute d'un autre régime raciste colonial, sans jamais l'avoir imaginé. 

Un racisme en a terrassé un autre, dans une concurrence colonialiste que les Allemands ont perdu en 6 ans de conquête, et que les Français perdront après 132 ans d'occupation. 

Jour de joie pour les uns, jour de deuil pour les autres, mais toujours pas de reconnaissance de ce jour de reconnaissance du caractère raciste, violent et barbare de la colonisation. 

Espérons que nous aurons enfin, après 75 ans d'attente, un signe fort, de la part de la France, pour une reconnaissance des crimes coloniaux, afin de pouvoir enfin écrire cette histoire de manière apaisée, et par la main de tenir des relations elles aussi apaisées à leur tour, entre les deux grandes puissances du Nord et du Sud de la Méditerranée.  

Gamal Abina 

 

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